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Musicothérapie en période post-conflit

Il est question, dans cet article, de musicothérapie. Ce seul nom évoque un concept “occidental” (dans le sens de “société technologique”, donc pas seulement située en Occident) créé de toutes pièces avec des sons et des musiques provenant d'horizons divers, à l'image des pratiques spirituelles empruntées par exemple à l'Orient où chacun mixe ce qui lui semble bon. Cette pratique occidentale, créée de toutes pièces, sous tutelle d'un état, de fédérations, dispensée par des thérapeutes diplômés, tarifée, est à distinguer de celles, involontaires, réalisées par chacun d'entre nous pour nous-même, par des musiciens, des communautés villageoises dans les sociétés au mode de vie traditionnel, des responsables religieux lors des cérémonies où le son et la musique ont une place prépondérante, et bien d'autres encore. Si Monsieur Jourdain faisait de la prose sans le savoir, ces acteurs que nous venons de citer, font eux aussi de la musicothérapie sans le savoir. Mieux encore, nous n'avons pas toujours conscience que nos choix musicaux, qui diffèrent selon nos humeurs, font de nous des musicothérapeutes dans l'instant où nous faisons ce choix. 
Par-delà les pratiques individuelles, existent aussi des pratiques collectives qui peuvent toucher un groupe ou tout un peuple. Alors une question se pose : faut-il “soigner les individus pour soigner un peuple” ou “soigner le peuple pour soigner les individus”. Probablement la réponse se situe-t-elle, comme bien souvent, à la croisée de ces deux concepts.

Textes, photos, vidéos © Patrick Kersalé 2011-2022, sauf mention spéciale. Dernière mise à jour : 19 avril 2022.

SOMMAIRE

Pistes pédagogiques


COVID-19 et spectacle vivant
. Entre 2019 et 2022, le COVID-19 et ses cohortes de restrictions sanitaires (port du masque obligatoire, confinements, limitation des déplacements locaux et internationaux) ont-ils affecté positivement et/ou négativement la production et la création du spectacle vivant ? Y a-t-il eu des pertes de savoir-faire ? Si oui, sont-elles passagères ou irrémédiables ? Argumentez.

 

 

Le Cambodge post Khmers rouges

 

Préambule

La musique (et l'art en général) est l'un des ingrédients de la reconstruction des individus et d'une culture en période post-conflit/crise. Elle est tellement indispensable à la vie, au même titre que la nourriture physique et spirituelle, que le génocidaire Pol Pot commença par se débarrasser des artistes pour conduire son grand programme de “reset sociétal”.
Le conflit et la violence au Cambodge, dans les années 1970, font partie de la mémoire vivante de la plupart des personnes de plus de 40 ans. Les arts et la culture du pays ont énormément souffert : 90 % des artistes ont été tués et les nombreuses traditions transmises par voie orale mises en péril. Heureusement (si l'on peut dire) cette révolution ne dura pas suffisamment longtemps pour éliminer une génération entière, a contrario de ce qui s'est passé au Viêt Nam par exemple. Des dégâts irremplaçables ont été perpétrés, mais des racines étaient encore vivantes au sortir de la crise, soit parce que certains artistes ont su taire leur statut, soit parce qu'il ont fui à l'étranger. Depuis, d'heureuses initiatives, nées de l'extraordinaire résilience du peuple khmer, ont vu le jour afin que les arts en général, et la musique en particulier, se régénèrent. Parmi celles-ci :

  • Le renouveau du Ballet royal du Cambodge sous l'impulsion du Ministère de la Culture et la ténacité de la princesse Norodom Buppha Devi, puis son inscription en 2008 sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité de l'UNESCO. 
  • La création de l'organisation Cambodian Living Arts par Arn Chorn-Pond pour la reviviscence de la musique traditionnelle.
  • La création de Golden Silk Pheach pour la reviviscence de la soie khmère.
  • Etc.

Il existe, chez les Khmers*, un attachement culturel particulier aux temples hindouistes et bouddhistes de la période angkorienne (IXe-XIVe s.). La meilleure preuve ne se trouve-t-elle pas sur le drapeau national du Cambodge où figure le célèbre temple d'Angkor Vat ? Il s'agit d'un attachement viscéral sans lequel les Khmers contemporains ne seraient pas ce qu'ils sont. Mais par-delà les temples, les Khmers sont attachés aux légendes relatives à ces monuments, à leur construction par des géants. Ils ont créé un univers mental où nombres d'entre eux se voient comme des réincarnations de rois et de reines du passé. Ils aiment à s'identifier à ces personnages réels, devenus mythiques, comme le roi Suryavarman II, bâtisseur d'Angkor Vat, ou Jayavarman VII, monarque fondateur de l'Empire bouddhiste de la fin du XIIe s. avec ses deux épouses, les reines Indradevi ឥន្ទ្រទេវី* et Jayarajadevi ជ័យរាជទេវី*. J'ai eu moi-même l'occasion de rencontrer ces “réincarnations”. Il y en a tellement que vous ne risquez pas de les manquez si vous parlez khmer et engagez fortuitement la conversation lors de la visite des temples.
La thérapie commence donc par cette identification et tout ce qui en découle. Par exemple, l'entourage, proche ou éloigné, de ces “réincarnations”, exprime sa fierté de les connaître et d'appartenir au peuple khmer. Il n'est que de regarder les commentaires de la chaîne YouTube TUK-TUK.TV, consacrée à la culture du Cambodge, pour se rendre compte de l'attachement des Khmers à leur culture ancienne et ce, jusqu'au générations les plus jeunes.

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